- DORIQUE (ORDRE)
- DORIQUE (ORDRE)DORIQUE ORDREÀ partir des toutes dernières années du \DORIQUE (ORDRE) VIIe siècle, le continent grec va connaître un essor considérable, en architecture aussi bien qu’en sculpture, et développer un art proprement monumental.En architecture, la Crète fournit avec les temples de Prinias et de Dreros les premiers exemples de constructions en pierre, mais l’ordre dorique qui se forme en Grèce propre intégrera encore des éléments de bois. La qualité périssable de ce matériau explique que nous n’ayons malheureusement que quelques vestiges de ces premiers édifices. La brique crue servit également à monter les murs au-dessus d’une simple assise de pierre (orthostate).Les petites maquettes en terre cuite retrouvées à l’Héraion d’Argos et à Perachora permettent de comprendre comment, à partir d’une forme élémentaire composée d’une pièce rectangulaire ou absidale précédée d’un porche soutenu par deux colonnes, va se constituer le plan dorique primitif. Ce noyau central s’entoure d’une colonnade ou péristyle; l’espace intérieur se scinde en deux ou trois salles divisées dans la longueur par une série de colonnes en bois — qui réduisent la portée des poutres de la couverture. Les temples A, B et C, construits à Thermos entre le \DORIQUE (ORDRE) IXe siècle et la fin du \DORIQUE (ORDRE) VIIe siècle, illustrent parfaitement ce développement et montrent le passage sur ce site du plan absidal au plan rectangulaire. Dans d’autres édifices, à Paléopolis de Corfou par exemple (env. \DORIQUE (ORDRE) 590), la répartition intérieure se stabilise et le vestibule antérieur — pronaos — intègre entre ses deux murs d’ante les colonnes qui supportaient le porche des premières constructions; la cella (naos) qui suit le rythme du dispositif in antis est divisée en trois nefs séparées par deux colonnades. À la suite des réalisations de l’Héraion d’Olympie (env. \DORIQUE (ORDRE) 600; 6 colonnes de façade, 16 colonnes sur les côtés), la peristasis (colonnade extérieure) gagne en équilibre, mais le plan général demeure fort allongé.Il semble, en fait, qu’il faudra attendre le début du \DORIQUE (ORDRE) Ve siècle pour que soit fixée définitivement la structure dorique: dans le temple de Zeus à Olympie, la cella ne flotte plus par rapport à la colonnade extérieure, l’établissement d’un module rendant cohérent l’ensemble de l’édifice. Mais la grande particularité de l’ordre dorique est de porter en lui, dès ses origines, toutes les structures qui le constituent. C’est sans aucun heurt que se «pétrifient» progressivement les édifices, gardant toujours en place — surtout dans la partie supérieure de leur élévation — les différents éléments dont avait eu besoin l’architecture de bois. Les colonnes resteront longtemps en bois (temple I d’Athéna à Delphes, Héraion d’Olympie), et quand elles seront en pierre leur minceur rappellera encore leur matériau d’origine. Leur fût, taillé de seize à vingt cannelures séparées par des arêtes vives, s’élève en s’étrécissant légèrement — entasis — jusqu’au chapiteau, dont il est nettement différencié à l’époque archaïque par une gorge parfois décorée de feuilles. Au cours du \DORIQUE (ORDRE) VIe siècle, cette rupture devient moins nette et n’est plus marquée que par trois entailles qui répondent aux trois annelets de l’échine du chapiteau, dont la forme primitive ressemble à un bourrelet très affaissé. Le profil de cette échine se redressera au cours du \DORIQUE (ORDRE) Ve siècle. Un abaque — ou tailloir — sert d’élément de transition entre l’échine et l’entablement. L’entablement dorique se compose d’une architrave lisse surmontée d’un bandeau plat — ou taenia — et de la frise rythmée par l’alternance des triglyphes et des métopes. À chaque bloc d’architrave, dont la longueur est celle d’une travée, correspondent aux extrémités deux demi-triglyphes qui s’accolent deux à deux dans l’axe de la colonne, et un triglyphe complet, placé au centre. Aux angles, afin de respecter la disposition de la frise par rapport aux colonnes, on dut contracter les triglyphes. Les métopes furent l’un des premiers éléments à porter un décor. Cette frise — qui scande toute la partie haute de l’édifice — impose encore son rythme, d’une part à l’architrave bordée, en haut, de regulae et de gouttes, d’autre part au larmier dont le soffite en saillie s’orne de mutules, deux fois plus nombreuses que les triglyphes; taillées en biseau, les mutules, d’où pendent également des gouttes, protègent la frise, la pluie qu’elles reçoivent glissant vers l’extérieur avant de l’atteindre.C’est en Grèce propre que se constitua l’ordre dorique, la Grande-Grèce et la Sicile conservant toujours des particularités «dialectales» dans leurs recherches et leurs réalisations. La Grèce de l’Est, quant à elle, ne s’intéressera que très peu au dorique; elle fut, en revanche, la terre d’élection des grandes constructions ioniques.
Encyclopédie Universelle. 2012.